Discours de Francois Hollande à Tulle le 6 mai... por francoishollande
Mes chers concitoyens,
Les Français, en ce 6 mai, viennent de
choisir le changement en me portant à la présidence de la République. Je
mesure l’honneur qui m’est fait et la tâche qui m’attend. Devant vous,
je m’engage à servir mon pays avec le dévouement et l’exemplarité que
requiert cette fonction. J’en sais les exigences, et à ce titre
j’adresse un salut républicain à Nicolas Sarkozy qui a dirigé la France
pendant cinq ans et qui mérite, à ce titre, tout notre respect.
J’exprime ma profonde gratitude à toutes celles et à tous ceux qui ont,
par leurs suffrages, rendu cette victoire possible.
Beaucoup attendaient ce moment depuis de
longues années. D’autres, plus jeunes, ne l’avaient jamais connu.
Certains avaient eu tant de déceptions, les mêmes tant de souvenirs
cruels. Je suis fier d’avoir été capable de redonner espoir. J’imagine
ce soir leur émotion, je la partage, je la ressens. Et cette émotion
doit être celle de la fierté, de la dignité, de la responsabilité. Le
changement que je vous propose doit être à la hauteur de la France. Il
commence maintenant. Aux électeurs, et ils sont nombreux, qui ne m’ont
pas accordé leurs suffrages, qu’ils sachent bien que je respecte leurs
convictions et que je serai le président de tous.
Ce soir, il n’y a pas deux France qui se
font face. Il n’y a qu’une seule France, qu’une seule Nation, réunie
dans le même destin. Chacune et chacun en France, dans la République,
sera traité à égalité de droits et de devoirs. Aucun enfant de la
République ne sera laissé de côté, abandonné, relégué, discriminé. Et la
promesse de la réussite sera honorée pour l’accomplissement pour
chacun, pour sa vie et pour son destin personnel. Trop de fractures,
trop de blessures, trop de ruptures, trop de coupures ont pu séparer nos
concitoyens. C’en est fini !
Le premier devoir du président de la
République, c’est de rassembler et d’associer chaque citoyen à l’action
commune pour relever les défis qui nous attendent — et ils sont
nombreux, et ils sont lourds. Le redressement, d’abord, de notre
production pour sortir notre pays de la crise. La réduction de nos
déficits pour maîtriser la dette. La préservation de notre modèle social
pour assurer à tous le même accès aux services publics. L’égalité entre
nos territoires. Je pense aux quartiers de nos villes et aux
départements ruraux. La priorité éducative, l’école de la République qui
sera mon engagement. L’exigence environnementale, la transition
écologique que nous devons accomplir. La réorientation de l’Europe pour
l’emploi, pour la croissance, pour l’avenir.
Aujourd’hui même où les Français m’ont
investi président de la République, je demande à être jugé sur deux
engagements majeurs : la justice et la jeunesse. Chacun de mes choix,
chacune de mes décisions se fondera sur ces seuls critères : est-ce
juste et est-ce vraiment pour la jeunesse ? Et quand, au terme de mon
mandat, je regarderai à mon tour ce que j’aurai fait pour mon pays, je
ne me poserai que ces seules questions : est-ce que j’ai fait avancer la
cause de l’égalité ? Est-ce que j’ai permis à la nouvelle génération de
prendre toute sa place au sein de la République ?
J’ai confiance en la France ; je la
connais bien. J’ai pu, autour de cette France-là que j’ai visitée, que
j’ai rencontrée, mesurer à la fois les souffrances, les difficultés de
bien trop nombreux de nos concitoyens. Et en même temps, j’ai pu relever
tous les atouts, toutes les forces, toutes les chances de notre pays.
Je nous sais capable, nous, peuple de France, de surmonter les épreuves,
de nous redresser. Nous l’avons toujours fait dans notre histoire,
toujours ! Nous réussirons encore pour les cinq ans qui viennent !
Les valeurs de la République, la
liberté, l’égalité, la fraternité, la dignité humaine, l’égalité aussi
entre les hommes et les femmes, la laïcité, tout cela c’est autant de
leviers pour nous permettre d’accomplir la mission qui est la mienne.
J’ai évoqué tout au long de ces derniers
mois le rêve français. Il est notre histoire. Il est notre avenir. Il
s’appelle tout simplement le progrès, la longue marche pour qu’à chaque
génération nous vivions mieux. Ce rêve français qui est celui que vous
partagez tous de donner à nos enfants une vie meilleure que la nôtre !
C’est ce rêve français que je vais m’efforcer d’accomplir pour le mandat
qui vient de m’être confié.
Mais aujourd’hui même, responsable de
l’avenir de notre pays, je mesure aussi que l’Europe nous regarde. Et au
moment où le résultat a été programmé, je suis sûr que dans bien des
pays européens, cela a été un soulagement, un espoir. L’idée qu’enfin
l’austérité ne pouvait plus être une fatalité. Et c’est la mission qui
désormais est la mienne, c’est-à-dire de donner à la construction
européenne une dimension de croissance, d’emploi, de prospérité – bref
d’avenir ! Et c’est ce que je dirai le plus tôt possible à nos
partenaires européens et d’abord à l’Allemagne, au nom de l’amitié qui
nous lie et au nom de la responsabilité qui nous est commune.
Mesdames, Messieurs, chers concitoyens,
nous ne sommes pas n’importe quel pays de la planète, n’importe quelle
nation du monde. Nous sommes la France ! Et président de la République,
il me reviendra de porter les aspirations qui ont toujours été celles du
peuple de France : la paix, la liberté, le respect, la capacité de
donner au peuple le droit aussi de s’émanciper de dictatures ou
d’échapper aux règles illégitimes de la corruption. Eh bien oui, tout ce
que je ferai sera aussi au nom des valeurs de la République partout
dans le monde !
Le 6 mai doit être une grande date pour
notre pays. Un nouveau départ pour l’Europe, une nouvelle espérance pour
le monde. Voilà le mandat que vous m’avez confié. Il est lourd. Il est
grand. Il est beau. J’aime mon pays ! J’aime les Français ! Et je veux
qu’entre nous il y ait cette relation, celle qui permet tout, et qui
s’appelle la confiance.
Enfin, avant de vous quitter – mais je
reviendrai ! – je veux saluer tous ceux qui m’ont permis d’être ce que
je suis aujourd’hui : ma famille, ma compagne, mes proches, tout ce qui
fait finalement la force d’âme d’un homme ou d’une femme au moment où il
brigue une grande responsabilité et là, au moment où je vais l’exercer.
Je salue aussi les forces politiques, le mouvement que j’ai dirigé. Je
suis socialiste ! J’ai toujours voulu le rassemblement de la Gauche,
mais plus largement le rassemblement de tous les républicains. Et je
salue les humanistes qui ont permis aussi notre victoire ce soir.
Enfin, je salue mon département de la
Corrèze ! Je vous dois tout ! Vous m’avez toujours apporté vos suffrages
et encore pour cette élection. Je pense que nous serons le département
qui m’a donné le plus, non pas en nombre, mais en ampleur par rapport à
la population. Je salue ma ville de Tulle, la ville que j’ai dirigée, là
où nous sommes ! Vous m’avez permis, par la légitimité des suffrages,
de pouvoir convaincre aujourd’hui tous les Français.
Mais désormais, je suis au service de la
France. Et je suis mobilisé dès à présent pour réussir le changement.
Telle est ma mission, tel est mon devoir : servir ! Servir la
République, servir la France, servir au-delà de nous-mêmes, servir les
causes, les valeurs que dans cette élection j’ai portées et qui auront à
être entendues ici en France et partout, en Europe et dans le monde.
Vive la République ! Et vive la France !